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OSTÉOPOROSE

Maladie la plus fréquente chez les personnes de plus de 50 ans, l’ostéoporose touche une femme sur deux et un homme sur cinq. Elle est pourtant encore insuffisamment dépistée, alors qu’il existe des traitements efficaces.

Cette maladie, la plus fréquente chez les personnes de plus de 50 ans, touche une femme sur deux et un homme sur cinq. Elle est pourtant insuffisamment dépistée, alors qu’il existe des traitements efficaces.

C’est un vrai problème de santé publique. En Suisse, selon des chiffres publiés en 2019, 450 000 personnes sont atteintes d’ostéoporose. Cette maladie provoque chaque année 75 000 fractures, dont la plupart auraient pu être évitées. Alors pourquoi n’existe-t-il pas de programme de dépistage systématique, comme c’est le cas pour la mammographie ? Réponse de la Dre Bérengère Rozier-Aubry, rhumatologue et spécialiste des maladies osseuses à Lausanne : « Jusqu’à présent, il est prouvé que le dépistage est vraiment efficace à partir de 65 ans chez une personne présentant un facteur de risque comme une fracture récente, des antécédents familiaux ou le tabac. Le bilan osseux est important aussi chez les patientes plus jeunes qui ont eu une ménopause précoce, chez des personnes qui souffrent de certaines maladies chroniques ou qui sont sous cortisone, mais il s’agit alors d’un suivi médical, et non d’un dépistage. » Si les hommes sont moins concernés que les femmes, c’est parce qu’ils disposent d’une masse osseuse plus importante. Et, surtout, ils ne subissent pas une forte diminution hormonale comme celle qui se produit chez les femmes après la ménopause.

Prenez l’initiative !

L’ostéoporose est un mal silencieux. La personne qui en souffre ne

ressent aucune douleur, jusqu’au jour où l’un de ses os, poreux et fragile, se casse à l’occasion d’un choc de faible intensité. A ce stade, il s’agit déjà d’une ostéoporose sévère. Pour éviter la survenue de tels accidents, la Dre Rozier-Aubry souhaite faire passer un message à toutes les femmes : « Si vous avez plus de 65 ans, prenez l’initiative. Discutez avec votre gynécologue ou votre médecin de famille de la possibilité de faire un bilan osseux. » Le dépistage consiste en une densitométrie osseuse et en un test sanguin. La densitométrie est un examen beaucoup moins irradiant qu’une radiographie, qui permet de constater la densité de l’os, sa qualité et sa minéralisation. Si le risque de fracture est élevé, seul un traitement médical permettra de renforcer le squelette. Quant à la prise de sang, elle sert à déterminer si l’organisme est suffisamment pourvu en phosphates, calcium et vitamine D, afin de combler d’éventuelles carences. Elle contribue aussi à éliminer des causes soignables d’ostéoporose secondaire, comme une intolérance au gluten, par exemple.

La peur des médicaments

A cause d’une émission de télévision qui a créé un vent de panique en 2015, beaucoup de femmes se méfient, à tort, des médicaments contre l’ostéoporose. L’histoire de ce faux scandale mérite d’être racontée. La Dre Rozier-Aubry travaillait alors au CHUV : « Nous avons constaté que trois femmes avaient subi des fractures spontanées après avoir cessé de prendre l’un des médicaments les plus efficaces contre l’ostéoporose. Un grave problème surgissant après l’arrêt d’un traitement, c’était du jamais vu dans l’histoire de l’ostéoporose ! Heureusement, nous avons immédiatement trouvé le moyen d’éviter cette perte osseuse rapide grâce à une méthode qui, depuis, a été reconnue par les communautés scientifiques. Mais cela n’a pas été pris en compte par les producteurs de l’émission télévisée, qui insistaient davantage sur les dangers du traitement que sur le moyen trouvé pour résoudre le problème. Au CHUV, nous avons été immédiatement submergés d’appels de femmes paniquées. Pire, certaines femmes n’ont pas compris le message et ont arrêté de prendre le traitement. C’était une catastrophe, car leurs os se cassaient ! » Il faut le rappeler avec insistance : ce risque est maîtrisé. Et pourtant, aujourd’hui encore, il arrive à la spécialiste de devoir rassurer des femmes inquiètes à l’idée d’être soignées.

Une remarquable efficacité

Deux sortes de cellules s’activent pour garantir la santé du squelette. Il y a tout d’abord les ostéoblastes, qui fabriquent de l’os. Puis les ostéoclastes, qui grignotent le tissu osseux vieilli afin de faire de la place pour les nouvelles cellules osseuses produites par les ostéoblastes. Dans le cas de l’ostéoporose, les ostéoclastes détruisent l’os plus rapidement que les ostéoblastes ne parviennent à en fabriquer. Le rôle des médicaments consiste à rétablir l’équilibre entre ces deux activités. Différents traitements contre l’ostéoporose sont proposés en fonction du bilan osseux et de l’état de santé de chaque patiente. Certains agissent sur le système hormonal avec, pour effet, une diminution de 50 % du risque de fracture de la colonne vertébrale et presque autant pour les fractures de la hanche. D’autres médicaments sont les biphosphonates. Ainsi l’Aclasta, par exemple, qui bloque la résorption osseuse : il réduit de 70 % le risque des fractures vertébrales et diminue de 50 % celui de se fracturer une hanche. Viennent ensuite les médicaments de la famille des anabolisants qui, eux, stimulent la formation osseuse et sont aussi très efficaces pour réduire le risque de fracture.

Le miracle de la marche

La bonne santé de nos os dépend en grande partie de notre mode de vie. Nous avons été programmés génétiquement pour marcher en plein air. L’exposition au soleil devrait fournir la vitamine D dont le système osseux a besoin, mais, avec l’âge, cette vitamine est moins bien métabolisée. C’est pourquoi les médecins recommandent, en plus d’une marche à l’extérieur de, au moins 20 minutes trois fois par semaine, de prendre un complément de vitamine D. Parmi les mesures de prévention, la marche occupe une place particulière. En effet, c’est un petit miracle qui s’opère à chacun de nos pas : l’impact qui se produit lorsque nous posons un pied sur le sol émet des vibrations. Celles-ci sont captées par les ostéocytes, qui poussent les ostéoblastes à fabriquer de l’os. « Notre squelette est adapté à la force d’attraction terrestre, explique la spécialiste. Pour qu’il tienne debout, il faut que les os soient solides. Les contraintes mécaniques y contribuent. Si elles sont insuffisantes, l’os se fragilise. Les astronautes qui passent des mois en apesanteur font une ostéoporose accélérée. Les nageurs professionnels qui passent beaucoup de temps dans l’eau et les cyclistes dont le poids est soutenu, non par les jambes mais par la selle du vélo, n’ont pas une bonne santé osseuse et font de l’ostéoporose. En revanche les gymnastes ou les footballeurs, qui subissent régulièrement des impacts, n’ont pas ce problème. »

MARLYSE TSCHUI

« Les gymnastes et les footballeurs n'ont pas ce problème »

DR BÉRENGÈRE ROZIER-AUBRY

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2023-03-01T08:00:00.0000000Z

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