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ALBI

Son nouvel album prouve que le rock vieillit bien.

NICOLAS VERDAN

Cette ville française séduit par son patrimoine architectural.

Un temps, on aurait pu le croire assagi. C’était mal connaître Iggy Pop, l’un des derniers mastodontes du rock du siècle passé. Avec son nouvel album Every Loser, l’iguane fait un retour en force à 76 ans bientôt. Cinquante-quatre ans après la sortie du premier disque des Stooges, le rocker démontre une forme à toute épreuve avec un album pop-rock testostéroné à foison.

Il faut dire qu’elle est révolue, l’époque où Iggy Pop carburait aux drogues, alimentant sa légende de bête de scène démoniaque, éructant des insanités et se contorsionnant avec des mimes simiesques, quitte à se prendre des bouteilles sur la gueule, comme on peut le voir dans Gimme Danger,

un documentaire de Jim Jarmusch.

Si la came a longtemps taillé à la serpe le corps maigre d’Iggy, sa sveltesse de septuagénaire est, aujourd’hui, redevable à une stricte hygiène de vie : musculation, régime alimentaire sain, arts martiaux. La mue du saurien remonte à la fin des années huitante, quand le musicien, alors à la dérive, est rapperché par David Bowie qui lui rendit visite durant sa cure de désintoxication dans un asile psychiatrique de Los Angeles. Sauvé de la faillite par une chanson commune, China Girl, un tube planétaire, il aura signé avec son compère ensemble deux albums magistraux: The Idiot, en 1977, et, la même année, Lust for Life.

Perçu comme un éternel freak (un marginal) aux Etats-Unis, Iggy Pop s’est taillé un costard de respectabilité en Europe, à commencer par la France où son torse lui a valu des royalties de la part de grandes marques qui ont jugé son image bankable : le groupe de téléphonie SFR et le site de revente en ligne Leboncoin. En 2003, il a même été décoré officier des Arts et des Lettres.

Dans un mobile-home

Né le le 21 avril 1947 à Muskegon dans le Michigan (USA), James Newell Osterberg Jr. a vécu une enfance heureuse, avec une mère tendre et un père roulant en Cadillac, alors même que la famille créchait dans un mobile-home, à côté de Detroit. En 2016, dans une interview à Télérama, Iggy a déclaré : « Mes parents auraient mérité un meilleur fils, un fermier par exemple, proche d’eux, qui leur aurait donné des petits-enfants, dont ils se seraient occupés. Pas de chance, ils ont eu Iggy Pop. »

S’il y a bien une chanson dans laquelle ce survivant de tous les excès du rock se reconnaît, c’est celle-celle-ci : « I wanna be your dog » (Je veux être ton chien). En 2016, Iggy a semblé avoir pris congé à jamais des accords rageurs de guitare saturée. Son album Post Pop Depression, aux accents psychanalytiques, revisite, en mode bluesy, le passé musical, dans une veine hyper maîtrisée. Comme dans l’album suivant, Free, en 2019, la voix basse, inimitable, du chanteur a des accents de crooner.

En retrouvant quelques vieux combattants bien rôdés (des gars qui ont joué avec les Red Hot Chili Peppers, Guns Roses, Pearl Jam, entre autres), Iggy Pop a bel et bien repris du poil de la bête. Chassé, le naturel est revenu au galop métallique. Comme quoi il n’y pas d’âge pour réactiver son côté primitif.

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2023-03-01T08:00:00.0000000Z

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