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Une vie heureuse

GINETTE KOLINKA

«L’autre jour, je me trouvais dans une commémoration pour témoigner. Et on a entonné «Le Chant des marais»: Loin vers l’infini s’étendent / De grands prés marécageux / Et là-bas nul oiseau ne chante / Sur les arbres secs et creux. Ce chant, je l’ai entendu tout de suite à mon arrivée au camp de Birkenau. Ô terre de détresse / Où nous devons sans cesse / Piocher, piocher. À Birkenau, je n’ai jamais chanté.» Ce sont ces passages au phrasé sobre et dense, cette musicalité éloquente mais dénuée d’emphase, cette gravité majestueuse et digne qui confèrent au texte un souffle saisissant. Si inconcevable que cela puisse paraître, cet ouvrage reste une ode à la vie: Ginette Kolinka fut une déportée, mais elle est avant tout une femme avec une vie propre — vie dont elle nous dit qu’elle peut être heureuse à qui sait combattre l’oubli et lutter contre la torpeur de l’esprit. On pense à Gramsci: «L’indifférence est apathie, elle est parasitisme, elle est lâcheté, elle n’est pas une vie», et c’est bouleversé que l’on termine ces pages.

COUPS DE COEUR

fr-ch

2023-03-01T08:00:00.0000000Z

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https://generations.pressreader.com/article/283600994835237

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